Bon, je préviens, je vais être long : Space Crusade est un de mes jeux préférés. Un peu d’histoire ? En fait, j’y ai joué il y a bien longtemps avec des amis, à 4, avec le jeu de base et l’extension Mission : Dreadnought. Que du bonheur !! Je pensais mes souvenirs magnifiés par le temps... Tout le monde connaît ça : on se souvient d’un truc génial, on s’y remet aujourd’hui, et on est méga déçu ! Ceux qui ne me croient pas, essayez de regarder un épisode de Goldorak pour voir...
Toujours est-il que j’ai décidé il y a un an environ d’essayer de mettre la main sur un exemplaire de Space Crusade, histoire de vérifier mes impressions de l’époque. Ce jeu étant depuis longtemps épuisé (il date de 1990), je me tourne donc vers Ebay... Je constate vite que je ne suis pas le seul à m’y intéresser, au vu des prix atteints lors des enchères !!! Il faut dire qu’il y a plein de choses dedans (nous y reviendrons), et que donc en plus du prix de la bête, les frais de port sont astronomiques !! Je décide de payer le prix fort un exemplaire du jeu en parfait état (quand on aime, on ne compte pas !), en version anglaise. Je le reçois, j’imprime plein de cartes et les règles en français, et zou ! C’est parti pour une mission contre ma femme. Et là, miracle ! Ce jeu n’a rien perdu de son charme ! Les mécanismes sont d’une ingéniosité rare, le matériel est superbe, on peut y jouer en campagne... Allez, je vous détaille tout ça.
Space Crusade est un jeu produit conjointement par MB et Games Workshop (comme Heroquest), situé dans l’univers de Warhammer 40K. Les figurines plastiques du jeu ont été conçues par Citadel, la branche figurines de GW, et ça se voit ! Elles sont très réussies. Le jeu simule l’abordage d’immenses vaisseaux hantés d’extra-terrestres dangereux, les Space Hulks, par les Space Marines : des combattants en armure de combat, génétiquement modifiés. Pourquoi ne pas se contenter d’exploser bêtement le Space Hulk, me direz-vous ? Parce qu’ils contiennent parfois des vestiges technologiques du passé, ou des inventions extra-terrestre qui seraient bien utiles à l’Empire dans sa lutte contre les autres civilisations belliqueuses de l’univers : Orks, Nécrons, Tyranides...
Le jeu se pratique en coopération : un joueur joue les extra-terrestres retranchés dans le vaisseau. De 1 à 3 joueurs utilisent chacun une escouade de Space Marines pour tenter d’accomplir la mission que leur a lue le joueur extra-terrestre, qui fait en fait figure de maître de jeu (avec cependant bien plus de latitude que dans Heroquest). Une escouade de Marines comprend un Sergent doté de 6 points de vie, et qui peut choisir parmi 3 styles d’armements, et 4 Marines dont on peut aussi choisir l’armement (arme standard ou arme lourde, 3 armes lourdes maximum).
Pour parachever la personnalisation de votre escouade, vous devez aussi choisir une carte Ordre (parmi 4), qui vous offrira de nouvelles possibilités tactiques, ainsi que 4 cartes d’Equipement parmi les 8 disponibles. Signalons que selon le chapitre de Space marines choisi (Ultramarines, Poings Impériaux ou Anges Sanguinaires), ces cartes ne sont pas les mêmes ! A vous de choisir l’escouade la plus proche de votre style de jeu.
Ce qui fait la force de ce jeu, ce sont deux éléments : des règles très simples à comprendre mais qui offrent beaucoup de possibilités, et le système des Blips. Commençons par les Blips. Les Marines possèdent un espèce de mini-radar incorporé dans leur armure de combat (un Auspex), qui leur signale la présence d’ennemis par des échos radars. Le hic, c’est que si le Marine sait qu’il y a quelque chose derrière la porte, il ne sais pas quoi excatement ! Ce peut être rien (son radar a été trompé), un minable Gretchin (Gobelin de l’espâââce !) ou alors un redoutable robot de guerre Dreadnought ! Sur le plateau de jeu, qui est modulable avec des éléments en relief (comme les portes), les blips sont représentés par des pions.
Seul le joueur extra-terrestre sait ce qu’ils représentent vraiment (c’est écrit derrière le pion). C’est lui qui les dispose sur le plateau en fonction du scénario : le scénario lui dit quels Blips utiliser, et ensuite, à lui de les placer comme il le souhaite ! Il peut les déplacer comme il le souhaite également...
Ces Blips ne seront convertis (on le retourne et on met la figurine adéquate) que quand un Marine pourra le voir. Ambiance garantie, je vous l’assure ! C’est le même mécanisme que dans Space Hulk, de Games Workshop également, pour les connaisseurs.
Second élément remarquable : les règles. Simples, élégantes, fonctionnelles, permettant plein de choses. Elles reposent sur des cartes (cartes d’Equipement et d’Ordre pour les Marines, cartes d’Evènements pour les extra-terrestre : il en tire une par tour) très claires et deux types de dés : les rouges (armes lourdes) et les blancs (armes légères). Les Marines disposent d’une carte de référence reprenant tout ce qu’ils doivent retenir (valeurs d’armure, de déplacement, de combat de leurs Marines), et l’extra-terrestre a la même chose pour ses créatures. Et le tout fonctionne parfaitement, et s’efface d’ailleurs bien vite devant l’ambiance du jeu.
Car en plus de tout ce que j’ai déjà dit, vous serez noté en fin de partie ! On compte les points. Il est d’ailleurs possible que tout le monde gagne ! Par exemple, si les Marines ont accompli leur mission tout en subissant des pertes importantes. En fonction de vos points, vous vous verrez attribuer des récompenses : un nouveau Grade, ou des Distinctions. Tout cela influe bien sûr sur le jeu, et conduit au jeu en campagne, où l’on garde ses escouades et son extra-terrestre en essayant d’atteindre le plus haut grade possible !
Les parties sont assez rapides : les figurines se déplacent assez rapidement, les règles sont simples, et les Marines n’ont aucun intérêt à traîner : l’extra-terrestre tire une carte Evènement par tour (et quasiment toutes sont catastrophiques pour les Marines), et quand il tire sa dernière carte, il a gagné !! Point barre. De plus, il peut faire venir des renforts dans certains scénarios... Tout est très dynamique, car si les Marines sont censés être alliés, il en va tout autrement dans la pratique grâce au système de points. J’ai vu des Marines se trouver "accidentellement" dans la ligne de tir d’autres Marines d’un autre chapitre juste pour grapiller des points en massacrant une bestiole !! Et le fait de ne pas savoir ce qui se cache sous les Blips est assez angoissant.
On passe au matériel ? Tout comme celui d’Heroquest, il est somptueux. Détaillons tout cela. Commençons par les figurines. A tout seigneur tout honneur, les Space Marines ! Le jeu en comprend 3 escouades de 5 hommes : un Sergent et 4 Marines. Chaque escouade a une couleur (bleu pour les Ultramarines, rouge pour les Anges Sanguinaires et jaune pour les Poings Impériaux). Elles sont personnalisables : le Sergent peut recevoir 3 sets d’armes différents, et chaque Marine peut recevoir 4 armes différentes. Le bonheur, je vous dit ! Petit inconvénient, les armes se clipsent sur les Marines : prudence en manipulant tout ça... 15 Marines, donc. On passe aux extra-terrestres ?
C’est parti : 3 Genestealers (l’équivalent local des Aliens, que les Marines apprennent bien vite à détester).
Contrairement aux autres créatures, les Genestealers n’arrivent pas en jeu grâce à des Blips, mais grâce à des cartes Evènement.
8 Orks.
14 Gretchins (gobelins de l’espace).
4 Androïdes.
5 Marines du Chaos (un Commandant, un avec arme lourde et 3 Marines du Chaos)
Un Dreadnought, le grand ami des Space Marines, un robot de guerre géant que le joueur extra-terrestre peut customiser (il doit lui choisir 2 armes lourdes parmi 3 disponibles). Wow !! Toutes les figurines sont très réussies, à l’exception des Orks que je trouve un peu patauds dans leur pose. Signalons que les Orks et les Gretchins ne sont pas tous identiques (3 variations pour chaque race, les différences étant l’armement : la pose ne change pas).
Pour toutes ses figurines, il y a aussi un plateau ! Il est formé de 4 éléments modulables selon les besoins du scénario. On peut y clipser les 3 pinces d’arrimage par lesquelles arrivent les escouades de Marines. Au milieu du plateau, se trouvent deux éléments en 3D entrecroisés pour bien matérialiser les 4 plateaux. Enfin, des portes en carton sur des socles en plastique complètent le décor (plusieurs modèles de portes, bien sûr !).
Ensuite, il y a plein de cartes ! 21 cartes Evènements pour le joueur extra-terrestre, 12 cartes Ordre et Equipement pour chaque escouade (donc 36 cartes en tout, couleur et recto-verso !), une carte de référence cartonnée pour chaque escouade, une carte cartonnée avec un présentoir plastique pour la tenir inclinée et bien visible pour le joueur extra-terrestre. Pour finir, le livret d’instructions, le livret de règles, et tout plein de blips ! Le luxe ! Ha oui, j’oubliais : un moniteur stratégique (détecteur d’après la VF...) pour chaque joueur Marine, permettant de compter les points et de savoir combien de points de vie il reste à votre Sergent sur ses 6 de départ.
Mais ce n’est pas tout... Games Workshop a publié dans son magazine White Dwarf, version anglaise, deux extensions pour ce jeu ! Vous les trouverez traduites par votre serviteur dans Space Crusade 2. Ces deux extensions permettent de jouer avec des Eclaireurs Space Marine, des Terminators, des Archivistes (aux pouvoirs psis)... Et offrent au joueur aliens de nouvelles bébêtes : guerriers Tyranides avec épées-os ou crachemort, hybrides Genestealers... La seconde extension offre une nouvelle campagne en 5 volets, très bien conçue !
Devant le succès du jeu, GW et MB ont mis sur le marché deux extensions en boîte pour Space Crusade : l’attaque des Eldars, et Mission : Dreadnought.
La première offre une nouvelle escouade : les elfes de l’espâââce de Warhammer 40k, les Eldars ! Plus puissants que les Space Marines, ils sont censés permettre un jeu à 2 plus équilibré. Ils autorisent aussi le jeu à 5 : 3 joueurs Marines, un joueur Eldar et un joueur extra-terrestre (je vous laisse imaginer le bazar !). L’extension comprend un Exarque (l’équivalent du Sergent), 9 Eldars avec armes interchangeables, un jeu de cartes Evènements spécifique, des carte Equipement, des cartes Exarques, un nouveau plateau de jeu (plus petit)... Un nouveau livret ajoute les armes des Eldars et quelques missions, dont une à 5 joueurs. Bien sans plus, en toute honnêteté. Pour les amoureux des Eldars !
Seconde extension, bien plus intéressante à mon avis : Mission : Dreadnought. Là, vous trouverez 4 figurines d’Androïdes, identiques à celles du jeu de base, 2 nouveaux Marines pour chaque Escouade (idem), mais surtout un canon Tarentule pour chaque escouade, et un Dreadnought modulable ! Avec deux hauts différents (2 ou 4 armes lourdes), des pattes différentes (petites ou grandes), pour pouvoir assembler 4 Dreadnoughts différents ! 3 armes extra-lourdes par escouade complètent le tout, avec une carte de référence, un nouveau mini-plateau de jeu, des portes blindées, et un livret règles/scénarios. Les missions sont terribles, notamment la dernière où le joueur extra-terrestre peut construire des Dreadnoughts pendant la partie !! Les canons Tarentules ont un look d’enfer, les nouvelles armes aussi, avoir 7 Marines dans chaque escouade c’est le pied... Du bonheur en boîte !
Comme Space Crusade est un jeu ancien, beaucoup des nouveaux éléments apportés par Games Workshop à l’univers de Warhammer 40k ne sont pas présents (même si bizarrement les Nécrons sont là : regardez bien les "androïdes"...). Cela laisse la place pour de nouvelles extensions ! Votre serviteur s’est mis à l’ouvrage, et a converti les Termagants, les Hormagants, les Magus Genestealers, les Squats et d’autres encore pour Space Crusade ! Vous trouverez cela dans Space Crusade 2. Vous y trouverez également la seule chose qui manque à ce jeu : des règles pour jouer sans joueur extra-terrestre, à plusieurs joueurs Marines ou même seul.
Alors, Space Crusade, un jeu parfait ? Non, évidemment. Cela existe d’ailleurs, le jeu parfait ? On peut notamment lui reprocher ses règles très simples, et une bonne part d’aléatoire dans les combats à cause des dés comportant beaucoup de zéros. Il est possible de voir un Gretchin descendre un Marine d’un coup, voire un Sergent se faire tuer en un coup par un Genestealer alors qu’il a 6 points de vie ! On peut aussi voir un Marine subir des dizaines de tirs sans une égratignure ! Je trouve personnellement que ça rajoute du sel aux parties, car les Marines DOIVENT se sentir oppressés, mais pour certains c’est trop.
En résumé, excellent matériel, règles simples mais parfaitement fonctionnelles, beaucoup d’ambiance, un maître de jeu qui a un vrai pouvoir de décision, du jeu coopératif, un jeu en campagne possible. Voilà pour le positif. De l’autre côté, règles vraiment simples, pas mal d’aléatoire.
Faites votre choix ! Moi j’aime beaucoup !
Usagi3
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